La posture assise des femmes : un langage silencieux décrypté
Ce simple croisement de jambes qui semble si naturel révèle en réalité toute une histoire culturelle et sociale. Notre façon de nous installer dans un siège transmet des messages bien plus complexes qu'il n'y paraît. Plongée dans la signification cachée de ce geste quotidien qui en dit long sur nos conditionnements.
Un héritage culturel profondément ancré dans notre manière de nous asseoir
Ce mouvement est devenu si naturel qu’on ne le remarque même plus. Pourtant, la façon dont nous croisons les jambes relève d’un apprentissage social profond. Au XVIIIe siècle en Europe, cette posture symbolisait l’élégance et les bonnes manières, servant à afficher son éducation et sa retenue. Les guides de savoir-vivre de l’époque étaient formels : une digne représentante de la société se devait d’adopter une attitude réservée et mesurée.
Le contexte culturel joue cependant un rôle déterminant. En Asie, particulièrement au Japon et en Corée, adopter cette position face à des personnes plus âgées ou dans des cadres officiels peut être perçu comme un manque de respect. La norme sociale y valorise une assise droite et stable, les deux pieds fermement posés au sol. Cela montre à quel point un geste apparemment banal peut revêtir des significations radicalement différentes selon les pays !
Aujourd’hui encore, ces codes ancestraux continuent d’influencer nos comportements contemporains. Entre les modèles véhiculés par les médias, les règles non écrites et les pressions sociales souvent subtiles, croiser les jambes demeure un réflexe pour nombre d’entre nous… même lorsque cela se fait au prix de notre bien-être.
Le langage corporel : ce que notre assise révèle de nous
Au-delà des dimensions culturelles, la manière dont nous positionnons nos jambes peut dévoiler nos états d’âme. Il s’agit d’un véritable mode d’expression non verbal. Nous oublions fréquemment que notre corps communique pour nous, souvent avant même que nous n’ayons prononcé un seul mot.
Une jambe superposée à l’autre, orientée vers notre interlocuteur ? Cela peut indiquer de l’attention, peut-être même une certaine connivence. Des jambes fermement croisées et ramenées vers soi ? Signe d’une recherche de protection, d’un besoin d’établir une frontière réconfortante. À l’opposé, une position dégagée, les deux pieds solidement plantés sur le sol, émet généralement un message de sérénité et de maîtrise de soi.
Et figurez-vous que ces attitudes ne sont pas uniformément réparties. Dès leur plus jeune âge, les fillettes reçoivent des encouragements – souvent implicites – à « se tenir correctement », à « bien disposer leurs jambes », tandis que les petits garçons bénéficient d’une liberté posturale bien plus grande, pouvant même s’étaler sans gêne. Une distinction en apparence insignifiante, mais qui révèle beaucoup sur les rôles socialement attribués selon le genre dès l’enfance.
L’impact de la posture assise dans l’environnement professionnel
En contexte professionnel – que ce soit au bureau, pendant une réunion ou lors d’un entretien – notre façon de nous asseoir peut modifier la perception que les autres ont de nous. Les recherches en psychologie sociale l’ont abondamment confirmé. Une attitude corporelle tendue risque d’être interprétée comme un manque d’assurance. Au contraire, une position aisée, stable et équilibrée envoie un message sans équivoque : « Je me sens légitime ici. »
Pour les femmes, cette dimension représente souvent un véritable casse-tête. Comment concilier confort personnel et projection d’une image compétente et professionnelle, sans être cataloguée comme « trop masculine » ou « pas assez affirmée » ? Effectivement, même dans la simple position assise, nous devons fréquemment naviguer entre expression authentique et conformité aux attentes.
Et si nous cessions d’évaluer… la manière de s’asseoir ?
Finalement, ce geste anodin ouvre la porte à une réflexion plus fondamentale : celle de l’autonomie corporelle. Pourquoi certaines positions restent-elles considérées comme plus « convenables » pour les femmes ? Pourquoi la délicatesse serait-elle préférée au bien-être ? Et si nous commencions à questionner ces standards invisibles ?
Car au fond, s’asseoir, c’est aussi affirmer sa présence dans l’espace. Il est grand temps que chaque personne puisse le faire en toute liberté, sans justification, sans restriction, et sans craindre le jugement d’autrui.


